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Papiers De Gauche
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25 septembre 2012

Charlie Hebdo a failli aller trop loin

     Je ne comptais pas spécialement faire un article sur la polémique amenée par les caricatures de Charlie Hebdo, jusqu'à ce que j'apprenne qu'ils en refaisaient d'autres cette semaine. Cet "acharnement" du journal est à mon avis exagéré, même si on comprend bien le but de cette nouvelle provocation, qui est avant tout de faire vendre.

     Charlie Hebdo n'en n'est pas à son coup d'essai. En février 2006 tout d'abord, l'hebdomadaire avait publié les caricatures du prophète de leurs confrères danois Jylands Posten.  Il y a quelques mois, en novembre 2011, il avait à nouveau caricaturé Mahomet dans un numéro intitulé "Charia Hebdo", avec le personnage sacré rédacteur en chef, ce qui d'ailleurs avait conduit certains mécontents à dévaster leurs locaux et à pirater leur site Internet. (La police n'a toujours pas retrouvé les incendiaires.) A l'époque, je prenais totalement parti pour Charlie Hebdo. En effet, je trouvais et je trouve toujours inadmissible que l'on utilise la force physique pour réagir à un droit fondamental, celui, bien sûr, de la liberté d'expression. Agir d'une telle manière, c'est admettre que l'on a soi-même un problème. Justement, les principaux rebels à ces caricatures, qui sont en majorité des islamistes, recouvrent un réel malaise au sein de notre société. Pour moi, Charlie Hebdo n'avait donc rien à se reprocher lors de cette première polémique avec l'Islam.

     Nous arrivons désormais à la semaine passée. Alors que le film "L'innocence des musulmans" donne lieu à de terribles et mortelles réactions dans le monde, le journal satirique s'apprête à nouveau à éditer une caricature de Mahomet, faisant resurgir la polémique. La colère des islamistes reprend. Des manifestations sont annoncées, et les locaux de Charlie Hebdo sont mis sous protection policière, tandis que leur site Internet est de nouveau piraté.

     Le premier point sur lequel je veux revenir est celui de l'interdiction des manifestations. Celle-ci a été proclamée en supposant à l'avance que les rassemblements seraient violents. C'est une grande erreur de commise, puisque cela stigmatise d'emblée ces manifestants, donc les islamistes, les musulmans, comme des gens agressifs et dangereux. C'est l'une des dernières choses à faire face à une catégorie qui a déjà du mal à s'intégrer, et qui subit déjà trop de mauvais jugements par nombre de français dis de "pure souche". Les faire passer pour des personnes brutales n'est fait en rien pour améliorer les rapports sociaux de la France.

     Le deuxième point est que rien ne justifiait une telle polémique et de telles réactions, puisque Charlie Hebdo est dans son droit le plus total de publier ces caricatures. Si on commence à râler autant pour quelque chose qui représente un droit fondamental, la suite n'en sera que bien sombre. (Déjà qu'elle n'est pas gaie.) La caricature est un droit, la manifestation aussi ! Mais jamais il ne faut que l'une ou l'autre de ces libertés ne deviennent violente ou haineuse, ce qui n'a pas été le cas dans cette histoire, qui, à mon avis, ne méritait pas une telle médiatisation.

     Vient alors l'annonce d'une nouvelle parution caricaturale de Mahomet, cette semaine même. Pour le coup, je me mets un peu moins du côté du journal, avant de me renseigner et d'apprendre qu'en réalité, ils vont consacrer un numéro à expliquer les significations cachées de la caricature du numéro précédent. Je trouve qu'il aurait été inutile, voir carrément stupide, après les tensions provoquées la semaine dernière, de sortir un autre numéro "choc". Ce n'est plus une question de liberté d'expression, mais de bon sens moral, qui intervient là. Il ne fallait pas remuer le couteau dans la plaie. Les islamistes ont un souci d'intégration, et enchainer des numéros qui les font hurler aurait été très mauvais, parce qu'ils se seraient davantage sentis attaqués et donc rejetés. Heureusement, Charlie Hebdo a évité cela. Néanmoins, cette aventure, ou mésaventure, selon notre position, se sera avérée bénéfique, commercialement parlant, car il est nul doute que le numéro dit "irresponsable" (En parallèle à un second numéro ironiquement titré "Journal responsable".) de ce mercredi 26 septembre s'est vendu comme des petits pains.

     Charlie Hebdo aura ravivé et confirmé ce que nous savions déjà : les religieux islamistes sont en grande partie mal intégrés dans notre pays. Je pense qu'il est nécessaire de se pencher très sérieusement sur le problème, qui est devenu majeur pour l'avenir de notre société. Je consacrerais donc un article à part entière à ce sujet assez prochainement.

J.A.

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